Timide et introverti, Steeve Guénot va devoir se faire violence pour assumer ce titre olympique de lutte gréco-romaine qui en fait presque, après quatre jours de disette, un héros national pour le sport français. Nicolas Sarkozy n'a d'ailleurs pas tardé à l'appeler pour le féliciter.
WRESTLING 2008 Beijing 2008 Steeve Guenot - 0
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STEEVE GUENOT, est-ce que vous parvenez à réaliser ce que vous venez d'accomplir ?
S.G. : C'est la première médaille d'or pour la France. Je ne sais pas trop quoi dire, je ne réalise pas trop. Je suis à la fois fier et ému. On ne peut pas être plus heureux. C'est le plus beau jour de ma vie. En plus, il y a ma famille, mes parents, mon petit frère, des amis lutteurs qui sont venus me voir. C'est le plus beau cadeau que je pouvais leur faire. Je suis super content. C'est un truc de malade !
D'autant plus que vous décrochez l'or là où les Manaudou, Estanguet, Décosse et autre Flessel ont échoué...
S.G. : Pour l'instant, je ne réalise mais dès que je vais arriver au village olympique ou au self-service, je vais m'en apercevoir. Tous les Français vont vite me le rappeler !
Visiez-vous le titre olympique dès ces Jeux ou plutôt à Londres en 2012 ?
S.G. : Même si je fais partie des plus jeunes de ma catégorie (ndrl : il n'a que 22 ans), j'étais programmé pour ces Jeux. Cela fait quatre ans que je m'entraîne dur à l'INSEP. En à l'approche de ces Jeux, je me suis dit qu'ici, il y avait les vingt meilleurs mondiaux et donc que ça ressemblerait aux Championnats du monde, mais en mieux. Mais je ne vais pas m'arrêter là. En 2012, à Londres, je serai encore présent.
Avez-vous douté au cours de cette folle journée ?
S.G. : Le match le plus dur a été mon huitième de finale contre le Hongrois (Loerincz). Je gagne à l'arrachée sur la fin. J'ai cru que j'allais perdre. Il y a eu une erreur d'arbitrage. Les arbitres sont revenus sur leur décision mais au final, j'ai gagné. Après, j'ai eu moins de mal lors des autres matches puisque je les gagne tous en deux manches.
Aviez-vous déjà affronté celui que vous avez battu en finale, Kanatbek Begaliev ?
S.G. : Non, je ne l'avais jamais rencontré, mais je le connaissais de réputation. Il m'a gêné. Je n'ai pas trop aimé sa lutte de coups, mais j'ai bien su m'adapter.
Vous êtes extrêmement lié à votre frère : quel rôle a-t-il joué dans la conquête de cette médaille ?
S.G. : Sans lui, je ne serai pas là. J'ai toujours voulu suivre son exemple, marcher sur les traces de mon grand frère. On habite ensemble, on s'entraîne ensemble, on fait tout ensemble. Même gagner une médaille le même jour ! Il me pousse. Il m'aide à faire un peu tout. Il est toujours là derrière moi pour me soutenir. C'est un peu mon coach.
Quel effet cela vous fait-il que de succéder au palmarès de votre idole, le lutteur Alexander Karelin, triple champion olympique (1988, 1992, 1996) ?
S.G. : Ca fait plaisir. Même si je suis encore loin de son palmarès, j'espère rattraper ce grand champion petit à petit. Comme je n'ai que 22 ans, je crois que j'espère remporter encore et encore des médailles pour la France.
Que comptez-vous faire avec votre prime de médaille ?
S.G. : Je ne sais pas encore. Partir en vacances, acheter une nouvelle voiture.
Vous venez d'avoir le président Sarkozy au téléphone : que vous a-t-il dit ?
S.G. : Il m'a félicité d'être devenu le premier médaillé d'or de ces Jeux. Il m'a dit qu'il en espérait d'autres et qu'il m'accueillerait très prochainement à l'Elysée.